Grand-père M. Picasso
On ne s’évade pas
de Picasso. Je le sais. Je n’y suis jamais parvenue mais, à
l’instant où tout a basculé, je l’ignorais encore. Il devait
ètre une heure de l’après-midi. Je suis à Génève au voalnt de
ma voiture. J’accompagne mes enfants Gaël et Flore à l’école.
Je roule dans un flot de voitures sur le quai Gustave-Ador. A ma
droite, le lac Léman et son célèbre jet d’eau. Le lac...les
voitures...le jet d’eau...et, soudain, cette bouffée d’angoisse.
Foudroyante, oppressive. Les doigts de ma main se contractent dans
une crampe violente, intolérable. Une bourrasque de chaleur envahit
ma poitrine. Mon coeur bat la chamade. Mes poumons s’asphyxient. Je
suffoque
Picasso, le plus grand génie du siècle, vu à travers les yeux d'une enfant, Marina, sa petite-fille.En 1973, à la mort du peintre, elle a vingt-deux ans. Pendant trente ans, elle se tait. Il lui aura fallu toutes ces années pour mettre des mots sur sa souffrance, pour caresser avec une émotion infinie et pleine de pudeur cette cicatrice. De la manière la plus intime, la plus terrible, Marina Picasso écrit jusqu'au-delà de la douleur, là où se trouve aujourd'hui sa liberté : ses enfants et ceux du bout du monde.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire