samedi 30 janvier 2010

Neiges de marbre de M.Dib

Elle entre. Je n'en crois pas mes yeux. Elle saute sur un pied, les mains croisées dans le dos, continue, avance sur le même pied. Elle joue à la marelle, ou fait comme si elle jouait. Elle pousse un invisible palet et je n'en crois pas mes yeux.
Une chambre quelque part, une chambre au douzième étage, quelconque, avec ses deux Finlandais couchés, deux malades, et encore un troisième larron, l'individu qui dit, Je . Lui, c'est moi. Je le suis autant qu'un autre, que n'importe qui. Ma vie en rend compte ou, si on veut, en répond. Dans ces douze étages et plus d'hôpital, je ne suis que présumé malade, moi, en observation.
Poétique, on met du temps à entrer dans l'histoire, suis arrivé p.63 de 217.

dimanche 24 janvier 2010

La proie I. Nemirovsky

-Où va-t-il?
- Est-ce que je sais?...Il est avec les siens comme un étranger...
La famille était réunie dans le salon, une pièce passante, aux quatre portes toujours ouvertes;de là on pouvait épier la vie de la maison. Pour écouter le pas de Jean-Luc, les femmes retinrent leur souffle, mais il était loin déjà.
Laurent Daguerne dit doucement:
- Il est libre...
Il avait eu exactement la réaction que sa femme attendait: sans doute avait-il voulu appeler son fils , dire avec ce petit rire timide qui lui échappait parfois, qui semblait railler son propre coeur: "Viens...Tu n'es jamais là." Mais il avait arrêté les paroles sur ses lèvres, étouffé jusqu'au soupir à peine perceptible et, laissant partir Jean-Luc sans un mot, il avait repris son livre. Maintenant, il paraissait presque heureux. C'était un de ces hommes qui ne sont à l'aise que dans l'abstraction, la méditation, les spéculations de l'esprit; la lecture lui procurait ce qu'à d'autres donne l'alcool: l'oubli de la vie.

vendredi 22 janvier 2010

Le coeur à rire et à pleurer Maryse Condé

Souvenirs de mon enfance.
Si quelqu'un avait demandé à mes parents leur opinion sur la Deuxième Guerre mondiale, ils auraient répondu sans hésiter que c'était la période la plus sombre qu'ils aient jamais connue. Non pas à cause de la France coupée en deux, des camps de Drancy ou d'Auschwitz, de l'extermination de six millions de Juifs, ni de tous ces crimes contre l'humanité qui n'ont pas fini d'être payés, mais parce que pendant sept interminables années, ils avaient été privés de ce qui comptait le plus pour eux: leurs voyages en France. Comme mon père était un ancien fonctionnaire et ma mère en exercice, ils bénéficiaient régulièrement d'un congé "en métropole" avec leurs enfants. Pour eux, la France n'était nullement le siège du pouvoir colonial. C'était véritablement la mère patrie et Paris, la VIlle lumière qui seule donnait de l'éclat à leur existence.

jeudi 14 janvier 2010

Femme nue, femme noire C.Beyala

"Femme nue, femme noire, vêtue de ta couleur qui est vie, de ta forme qui est beauté..." Ces vers ne font pas partie de mon arsenal linguistique. Vos verrez: mes mots à moi tressautent et cliquettent comme des chaînes. Des mots qui détonnent, déglinguent, dévissent, culbutent, dissèquent, torturent! Des mots qui fessent, giflent, cassent et broient! Que celui qui se sent mal à l'aise passe sa route... Parce que, ici, il n'y aura pas de soutiens-gorge en dentelle, de bas résille, de petites culottes en soie à prix excessif, de parfums de roses ou de gardénias, et encore moins ces approches rituelles de la femme fatale, empruntées aux films ou à la télévision.
La jeune Irène, belle, attirante passe son temps à voler et àfaire l'amour, son amant Ousmane l'entraîne dans une spirale de débauche, le vol d'un enfant mort la conduit à sa propre mort.

dimanche 10 janvier 2010

Menaces de mort Simenon


-Allô! C'est vous, Maigret? Vous voulez passer un instant dans mon bureau?
Fenêtres ouvertes sur la Seine, car on avait un mois de juin splendide, Maigret en profita pour mettre fin aux confidences d'un assez louche individu qui faisait pardonner ses trafics plus ou moins clandestins en venant raconter chaque semaine à la P.J. ce qu'il savait sur ses collègues de Montmartre.t, là aussi, les hautes fenètre
Quelques instants plus tard, le commissaire poussait la porte matelassée du bureau du directeur de la Police judiciaire et, là aussi, les hautes fenêtres étaient ouvertes, donnant de la gaieté à une pièce où venaient aboutir tous les crimes de Paris.