Ceux qui pensaient que la guerre commencerait bientôt s`´etaient lassés depuis longtemps,M.Jules le premier. Plus de six mois après la mobilisation générale, le patron de la petite Bohème, découragé, avait cessé d'y croire: A longueur de service, Louise l'avait mème entendu professer qu'en réalité "cette guerre, personne n'y avait vraiment cru". Selon lui, ce conflit n'était rien d'autre qu'une immense tractation di`plomatique à l'échelle de l'Europe, avec des discours patriotiques spectaculaires, des annonces tonitruantes, une gigantesque partie d'échecs dans laquelle la mobilisation générale n'avait été qu'un effet de manches supplémentaire. Il y avait bien eu quelques morts ici et là-"davantage, sans doute, qu'on nous le dit!", -cette agitation dans la Sarre, en septembre, qui avait coûté la vie à deux ou trois cents bonshommes, mais enfin, "c'est pas ça une guerre!" disait-il en passant la tête par la porte de la cuisine.
Troisième et dernier roman de sa saga romanesque "Les Enfants du
désastre". Après "Au-revoir là-haut" et "Couleurs de l’incendie", il
clôt sa trilogie dans la France de 1940, de la drôle de guerre à
l’exode. Il y a un vrai rythme et une vraie tonalité. Son personnage, Désiré Migault, s'invente sans arrêt des identités.
C'est un faux avocat, un faux médecin, un faux instituteur, un faux
chirurgien, un faux préposé à la censure, à la propagande, un faux
aviateur. Surtout, là où il m'enchante, c'est en faux curé : il est
extraordinaire ! Et les personnages les plus attachants sont les moins recommandables,
c'est ça qui est assez beau : Désiré, Raoul le voyou, Jules le
bistrotier et bien sûr, Louise qui, elle, est très recommandable et qui
est au-dessus du lot. Un roman passionnant dont on regrette de tourner la dernière page...
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