jeudi 15 décembre 2022

La muse rouge V de Haas

Paris est en liesse; chaque quartier, chaque rue, hurle de joie. Dans les squares, sur les places, des orchestres s'improvisent, fifres, trompettes, mandolines, pianos mécaniques, accordéons, bandonéons, violes et violons, tout peine à couvrir la folle envolée des cloches des églises qui font vibrer la ville jusque dans ses pavés. Les drapeaux flottent aux fenêtres et, malgré le froid qui s'engouffre avec insolence, les balcons rugissent de cris de joie qui montent au ciel comme pour dissoudre la grisaille qui engonce la ville.

« La muse rouge » se situe juste après la Première guerre mondiale, dans un Paris miteux, minable, graveleux, apparemment pourri jusqu’à la moelle. Entre bordels de luxe, maisons « d’abattage » crasseuses jusqu’à la nausée, banlieues où vit (mal) et meurt (vite) un petit peuple sujet aux épidémies, à la recherche d’un crouton quotidien, on voit apparaître la grande faune des riches, plus préoccupée d’enrichissement que de social. Les nombreux personnages « historiques » décrits ici sont dans les dictionnaires, vous pouvez vérifier. Entre bagnes pour enfants (pauvres !) et Colonies sujettes à tous les appétits, un flic intègre et ses collègues tentent de savoir pourquoi un haut diplomate de la Chine nationaliste a été si atrocement lardé de coups de surin alors qu’il rendait à Eros un hommage vibrant, dans un bordel plus huppé que le Georges V. L'auteur a potassé son dictionnaire d’argot  et nous explique cet « argot d’époque » dont presque tous les termes sont oubliés depuis longtemps.
Au travers d’une description sociale sans concession, nos enquêteurs vont de surprise en déconvenue, pour notre plus grand ravissement. L’auteur suscite en nous une foule de sentiments, surtout de l’indignation : comment, c’était ÇA, les années folles ?

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