La déconfiture P.Rabaté
D’une écriture sobre et parfois crue, Pascal Rabaté ravive notre mémoire
sur cette période noire et porte un regard sensible sur la débâcle de
1940, conjuguant dialogues à tableaux muets où le dessin révèle tout,
même l’indicible. Il rend un bel hommage à ceux qui ont continué à vivre
en ces temps de guerre, prenant le parti de rire des pires situations,
l’option sans doute la plus salvatrice et celle qui fédère encore au
mieux les hommes entre eux. Et nous, qu’aurions-nous fait alors ?
Soldat du 11e régiment, Videgrain est à moto, sur les routes… les
Allemands ont enfoncé tous les fronts. C’est la débâcle. Les Stukas
bombardent en piqué les populations civiles et militaires qui fuient
l’avancée allemande. La route est jonchée de cadavres. Videgrain est
chargé de veiller les corps sans vie de ses camarades massacrés par les
avions ennemis. Mais alors qu’il peut enfin rejoindre son régiment, il
s’aperçoit qu’une balle a percé le réservoir de sa bécane. Commence
alors un voyage bien étrange où le burlesque côtoie le drame d’un pays
en guerre, une France meurtrie, à l’heure de la défaite éclair de son
armée. À l’heure où les hommes devraient moissonner les blés, ils
creusent des trous pour y déposer les dépouilles des infortunés, et,
sous le soleil de juin, cassent la graine entre deux cercueils qui font
office de table de jardin. Une partie de campagne bien étrange où les
hommes sont devenus croque-morts bien malgré eux, et continuent de
croquer la vie, coûte que coûte.
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