dimanche 18 février 2024

Tibi la la Blanche H. Bels

C'est bientòt Timis, l'heure de la quatrième prière. Le soleil fond entre les flammes de l'usine Total et l'hôpital psychiatrique. Baba sirote son match du dimanche après-midi. Liverpool mène 1 à 0, but de Mané, l'enfant su pays. Baba l'appelle "Fiston" tellement il l'aime. Faire vite ses ablutions, cavaler à la mosquée et retour canapé pour la seconde mi-temps avec ses trois ataya bien sucrès. Il contracte son ventre plat d'homme longiligne et crie "Tibi". Le patriarche a un room-service. Dans sa chambre, Tibilé est penchée sur Les Soleils des indépendances de Kourouma: "Tu vois qu'un malheur, c'est parfois un bonheur bien emballé et quand tout s'use, c'est le bonheur qui tombe."Pour Tibilé, la lecture a toujours été un combat. On lit, on lutte, on fait reculer les lignes ennemies. Elle se sent plus proche des chiffres, au moins eux n'essaient pas de te manipuler. Les mots sont des traîtres. Ils créent désordres et polémiques. 

Le lecteur partage le quotidien et les rêves de ces ados pleins d'une énergie contagieuse. Ils grandissent dans un monde antagoniste : d'un côté l'influence occidentale, les études et le mariage le plus tard possible, voire pas du tout pour Issa et de l'autre, les traditions ancestrales, la famille élargie et les mariages arrangés. Tibi sait qu'elle devra accepter le mari soninké choisi par sa mère.
Leur vie est un mélange foutraque d'exubérance adolescente et de respect ancestral. Ils peuvent écouter Booba ou Youssou N'Dour, le roi du mbalax et consulter un marabout. Leur culture, épicée et colorée, est à l'image de ce français qu'ils parlent, héritage du colonialisme, mais qu'ils truffent d'expressions imagées et de gouaille. On sourit en les écoutant parler et leur sincérité, leur spontanéité nous séduit.

Grâce à des chapitres courts et un récit rythmé par les dialogues, l'auteur nous plonge dans le quotidien d'une jeunesse africaine qui se cherche un avenir. L'atmosphère urbaine est très bien rendue et le récit est à la fois drôle et instructif car bien documenté. Un roman attachant qui se lit avec facilité.

Aucun commentaire: