Les possibles Grimaldi V.
Papa. C'est le premier mot que j'aie su prononcer. Sur l'écran, la vidéo saute. La voix de mon père m'encourage à répéter, encore, encore et encore. Assise sur une chaise haute en bois, le visage couvert de purée orange, j'enchaîne fièrement les syllabes, sans mesurer la déflagration qu'elles provoquent en lui. Ma mère, le boulanger, son chef de service, ses collègues de l'usine, ses parents, la factrice, la pédiatre, l'employé de la station-service, la caissière du Codec, ma nourrice, ne sont qu'une infime partie des personnes qui ont eu vent de l'événement: j'avais articulé mon premier mot, et il n'était autre aue "papa". Lors de mon mariage, c'est sur cette anecdote qu'il a ouvert son discours.
Alors, oui, l'histoire est belle et touchante ; oui, aussi, la plume est agréable et facile à lire, sans être exceptionnelle pour autant… mais tout au long de ma lecture je n'ai pu m'empêcher de me demander : les gens ont-ils à ce point besoin de feel good facile, pour ainsi propulser cette autrice et ce livre au firmament des ventes et des appréciations ?
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