Dans le jardin de l'ogre L- Slimani
Une semaine qu'elle tient.Une semaine qu'elle n'a pas cédé. Adèle a été sage. En quatre jours, elle a couru trente-deux kilomètres. Elle est allée de Pigalle aux Champs Elysées, du musée d'Orsay à Bercy. Elle a couru le matin sur les quais déserts. La nuit, sur le boulevard Rochechouart et la place de Clichy. Elle n'a pas bu d'alcool et elle s'est couchée tôt.
Mais cette nuit, elle en a rêvé et n'a pas pu se rendormir. Un rêve moite, interminable, qui s'est introduit en elle comme un souffle d'air chaud. Adèle ne peut plus penser qu'à ça. Elle se lève, boit un café très fort dans la maison endormie. Debout dans la cuisine, elle se balance d'un pied sur l'autre. Elle fume une cigarette. Sous la douche, elle a envie de se griffer, de se déchirer le corps en deux. Elle cogne son front contre le mur. Elle veut qu'on la saisisse, qu'on lui brise le cràne contre la vitre.
Dans
une addiction (ici, sexuelle), la volonté n'est plus maîtresse, la
tentation impitoyable, le passage à l'acte euphorisant, l'arrière-goût
amer, le manque atrocement frustrant. Adèle se retrouve piégée par ce cercle vicieux et infernal, marquée par
de profondes blessures narcissiques, un manque probant de reconnaissance
affective lorsqu'elle était enfant (dont la perverse "jalousie" de sa
mère). Elle souffre et, quitte à exister pour les autres, elle se
regarde s'autodétruire à petit feu...
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