Le sel de tous les oublis Y.Khadra
-Voilà toute l'histoire. Elle se tut. Comme un vent qui s'arrête subitement de souffler dans les arbres. Mais Adem Naït-Gacem continuait d'entendre la voix de sa femme qui cognait sourdement à ses tempes, tel un pendule contre un rempart. Pourtant, tout venait de s'évanouir autour d'eux: le jappement des chiens, la brise empêtrée dans les plis du rideau, le crissement d'une charrette en train de s'éloigner. Puis le silence.
Le terrible silence qui s'abat lorsque l'on réalise l'ampleur des dégàts. pendant longtemps, Adem demeura assommé. Le souffle coupé. le coeur dans une tenaille. Il avait écouté Dalal du début à la fin. Sans l'interrompre une seule fois. Quén avait-il retenu? Quelques bibes qui d´flagraient en lui, lointaines et confuses, deux ou trois mots insoutenables que son esprit rejetait comme des corps étrangers.
Le titre poétique du livre Le sel de tous les oublis renvoie à un vieux poème qui fait plutôt la promotion de la fuite en avant : « Ne t’arrête surtout pas/Et confie ce que tu cherches/A la foulée de tes pas ». Le sel de l’oubli évoquant ce qui reste des larmes quand on a beaucoup pleuré : « marche sur le sel de tous lesoublis ».
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