Le ciel sous nos pas L.Bahsaïn
J'ai l'amour maudit. Toute ma vie j'en ai eu la preuve. Je le sais comme on sait le prix à payer pour acheter des concombres ou des cigarettes. Je suis de la génération pour qui tout se paye et s'achète au supermarché. Je le sais comme on sait que la grande distribution vend les briques de lait qui sortent de l'usine; et que le café est instantané et le thé en sachets. Je le sais comme le joueur sait qu'il paye le ticket de Loto de sa ruine. Il paye comme on paye une fille de la rue Serre-moi, des minutes fugaces de jouissance et de rêve.
C'est sur une place qui porte le nom d'une femme souveraine et pirate, la Dame libre (Sayyidâ al-Hurra), que nous habitons, Tifa, mère officielle et moi. Une petite maison de femmes perchée au-dessus des échoppes, et moi je dors dans le balcon. Place de la Dame Libre. Je n'ai jamais su si cette adresse était un présage ou un parrainage. Comme moi, Tifa est la fille de mère officielle mais je ne peux pas dire que Tifa soit ma soeur. Pour de vrai.
« Le ciel sous nos pas » n’est ni une
autobiographie ni un témoignage, dit l’auteure pour qui la fiction est
une autre manière de raconter la réalité.
« Dans tout ce que j’écris j’aime bien
parler en connaissance de cause. Il n’y a pas de témoignage. Il y a
beaucoup de fiction et d’imagination. Au fait, je tisse une fiction à
partir d’éléments de la réalité à partir d’un contexte que je connais »,
affirme Bahsaïn qui est née et a grandi au Maroc jusqu’à l’âge de 19
ans avant de partir en France où elle vit depuis près de 13 ans.
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