Fissa, papa... De la cité au bled, du bled à la cité A.Ameziane
Clichy sous-bois, 2005.
C’est la guerre dans les rues de la banlieue. Omar sort de l’appartement
familial avec un sac chargé de boules de pétanque, de marteaux et de tournevis.
Il est immédiatement intercepté par les CRS. Résultat : vingt-trois mois de
prison avant d’être déporté au bled. Il n’y connaît personne, il ne parle pas
arabe, mais l’accueil est chaleureux et il prend doucement plaisir à découvrir
le village de ses ancêtres. Lors d’une fête, son regard croise celui de la
jolie Nadia ; suffisant pour que les marieuses entreprennent la planification
des noces. Dix années ont passé, le voyou est devenu adulte. Il rentre
clandestinement en France lorsqu’il apprend que son père est malade. Puis il retourne chez lui, en Algérie
Avec son coup de pinceau, généralement très gras, l’artiste privilégie les grands formats. Pour preuve, on ne compte que cinq dessins dans les huit premières pages, sans phylactères pour en briser l’harmonie. D’autres, construites de manière plus traditionnelle, accueillent quelques vignettes, mais ne dépassent pratiquement jamais cinq ou six. Bref, il aime avoir de l’espace pour présenter ses illustrations, habituellement réalistes, produites à l’encre et au lavis, avec des ajouts marron. Quelques planches tranchent : teinte bleutée, présentation de la smala avec des personnages en ombres, compositions sommaires, voire inachevées ou encore quasi abstraites. Le créateur démontre de l’audace, sans que lecteur comprenne le pourquoi de ces écarts graphiques. Ces expérimentations ne se font cependant jamais au détriment de la lisibilité de l’album. Bien au contraire, et en plus elles sont réussies.
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