vendredi 29 mars 2019

Rue des voleurs M.Enard

Les hommes sont des chiens, ils se frottent les uns aux autres dans la misère, ils se roulent dans la crasse sans pouvoir en sortir, se lèchent le poil et le sexe à longueur de journée, allongés dans la poussière prêts à tout pour le bout de barbaque ou l'os pourri qu'on voudra bien leur lancer, et moi comme eux, je suis un être humain, donc un détritus vicieux esclaves de ses instincts, un chien, un chien qui mord quand il a peur et cherche les caresses. Je vois clair dans mon enfance, dans ma vie de chiot à Tanger; dans mes errances de jeune clébard, dans mes gémissements de chien battu; je comprends mon affolement auprès des femelles, que je prenais pour de l'amour, et je comprends surtout l'absence de maître, qui fait que nous errons tous à sa recherche dans le noir en nous reniflant les uns les autres, perdus, sans but.
Un jeune Marocain lecteur de polars français, se retrouve à la rue après avoir séduit sa cousine. De libraire chez les Frères Musulmans, il passera à la saise de textes ,à employé sur un ferry, puis  à travailler au noir pour un croque mort suicidaire. A travers ses errances il nous montre son monde, ce monde. Une Afrique arabe qui tente vainement de se reconstruire, une Europe qui sent la pourritude malgré le décor.

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