vendredi 25 mai 2018

Chanson douce L.Slimani

Le bébé est mort. Il a suffi de quelques secondes. Le médecin a assuré qu'il n'avait pas souffert. On l'a couché dans une housse grise et on a fait glisser la fermeture éclair sur le corps désarticulé qui flottait au milieu des jouets. La petite fille, elle, était encore vivante quand les secours sont arrivés. Elle s'est battue comme un fauve. On a retrouvé des traces de lutte, des morceaux de peau sous ses ongles mous. Dans l'ambulance qui la transportait à l'hôpital, elle était agitée, secouée de convulsions. Les yeux exorbités, elle semblait chercher de l'air. Sa gorge s'était emplie de sang. Ses poumons étaient perforés et sa tête avait violemment heurté la commode bleue.
On a photographié la scène du crime. La police a relevé des empreintes et mesuré la superficie de la salle de bains et de la chambre d'enfants. Au sol, le tapis de princesse était imbibé de sang. La table à langer était à moitié renversée. Les jouets ont été emportés dans des sacs transparents et mis sous scellés. Même la commode bleue servira au procès.
Ce début pourrait annoncer un polar, mais non, le dénouement est là dans les premières. Reste donc à savoir comment on en est arrivé là, qui est cette nounou ogresse, qu'est-ce qui guide ce coup de folie...Ce jeune couple parisien semble heureux, amoureux, deux beaux enfants...mais Maryam est avocate, elle s'ennuie, son caractère s'aigrit. Son mari comprend, il faut donc chercher la nounou idéale qui la remplacera auprès de leurs enfants, Louise semble la Mary Poppins recherchée. Tout est pour le mieux, la nounou se fait indispensable, connaît tout de cette famille alors qu'eux ne savent rien de sa vie. Une vie de solitude qui manque d'amour et d'objectifs, de pauvreté...sortie de l'appartement de ses patrons, sa vie n'a plus de sens. 
Le petit Adam va bientôt aller au jardin d'enfants, ils n'auront plus besoin d'elle, ses bizarreries éveillent la méfiance de Myriam...
L'histoire se lit facilement, les personnages sont un peu caricaturaux, surtout le père et on ne comprend pas vraiment ce grain de folie...qui déclenche le drame. Prix Goncourt 2016

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