jeudi 26 avril 2018

L'exil est mon pays. I.Alonso

Rue de Rivoli
Mon père marche dans les rues de Paris après que son contact du parti communiste, quelque part dans les hauteurs de Ménilmontant, lui a signifié qu'il ferait mieux de s'évanouir dans la nature et de ne plus jamais réapparaître. Angel est en France depuis vingt-quatre heures et du pays, il en a vu. Il a raconté mille fois comment il a traversé, perdu dans ses pensées, trois arrondissements. je ne peux que les imaginer, ses pensées, puisqu'il n'en a jamais rien dit. Derrière lui, deux ans de guerre, neuf mois de camp, dix ans de clandestinité, trois ans de prison. Et le parti le passe par pertes et profits. Il est seul. Il marche dans les rues d'une ville inconnue dont il ne parle pas la langue. Il n'a nulle part où aller, son passé vient de s'anéantir, il n'a pas d'avenir. Et pas d'autre présent que le bruit de ses pas sur le pavé parisien. Il marche, marche dans la nuit.

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