Le monde est mon langage A.Mabanckou
Saint-Germain-des-Prés, soudain, paraît bien petit et le centre se
perd sur la carte qui ouvre le livre. Alain Mabanckou entraîne son
lecteur dans un formidable voyage littéraire à travers trois continents :
l'Afrique, où il est né en 1966, l'Europe, où il est venu s'installer à
l'âge de 22 ans, et l'Amérique, où il enseigne. Chaque chapitre est une
étape de ce voyage, de Paris à Paris, du jardin du Luxembourg où Le
Clézio lui confie que la « vraie fonction de l'écriture » est « l'urgence d'agir »,
à Château-Rouge, dans le 18e arrondissement, où Jocelyn le Bachelor,
figure emblématique du milieu de la Sape (Société des ambianceurs et des
personnes élégantes) se rêve en personnage de roman. Le monde est mon langage
dessine ainsi une sorte de géographie intime, une autobiographie
littéraire où l'on croise des écrivains vivants ou morts d'expression
française, Dany Laferrière à Montréal, Edouard Glissant à Sainte-Marie
(Martinique), Gary Victor à Port-au-Prince, ou encore Sony Labou Tansi,
Aminata Sow Fall ou Bessora. Alain Mabanckou, professeur de littérature à
l'université de Californie, est un érudit, mais l'auteur de Verre cassé
est aussi un conteur magnifique : rencontres, analyses, entretiens,
lettres, toutes les formes se déploient et la balade est aussi vive que
le propos est passionnant. En ces temps de repli identitaire, il est bon
de le constater : la littérature d'expression française est un monde,
et sa richesse tient à l'échange entre les cultures. — Michel Abescat Telerama
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