mardi 7 septembre 2010

Eldorado Laurent Gaudé


A Catane, en ce jour, le pavé des ruelles du quartier du Duomo sentait la poiscaille. Sur les étals serrés du marché, des centaines de poissons morts faisaient briller le soleil de midi. Des seaux, à terre, recueillaient les entrailles de la mer que les hommes vidaient d'un geste sec. Les thons et les espadons étaient exposés comme des trophées précieux. Les pêcheurs restaient derrière leurs treteaux avec l'oeil plissé du commerçant aux aguets. La foule se pressait, lentement, comme si elle avait décidé de passer en revue tous les poissons, regardant ce que chacun proposait, jugeant en silence du poids, du prix et de la fraîcheur de la marchandise.
Le vieux commandant Piracci surveille la mer, ramasse les émigrants qui s'aventurent vers l'Eldorado européen pour les livrer aux carabineri. Jusqu'au jour où la rencontre avec une femme qui vient de survivre à son enfant le ramène à la réalité. Doréanavant il cesse de croire à sa mission, abandonne son monde et fera la traversée inverse.
On n'arrive pas à comprendre ce revirement chez le commandant, est-ce sa jeunesse et sa force disparues qui le poussent au large?

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