Une gourmandise M. Barbery
Les Français sont souvent , en matière de vin, d'un formalisme qui frise le ridicule. Mon père m'avait amené, quelques mois plus tôt, visiter les caves du Château de Meursault: que de faste! Les arceaux et les voûtes, la pompe des étiquettes,le miroitement cuivré des râteliers, le cristal des verres constituaient autant d'arguments pour la valeur su vin, mais autant d'obstacles à mon plaisir de le goûter. Parasité par ces intrusions luxueuses du décor et du décorum, je ne parvenais pas à démêler ce qui, du liquide ou de l'entour, venait taquiner ma langue de son aiguillon somptuaire. A vrai dire, je n'étais pas encore très sensible aux charmes du vin : mais trop conscient que tout homme de bien se doit d'en apprécier la dégustation quotidienne, je n'avouais à personne, dans l'espoir que les choses finiraient par prendre le bon chemin , que je ne retirais de l'exercice que de biens médiocres satisfactions.
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