jeudi 12 novembre 2009

Ce que le jour doit à la nuit de Y. Khadra

Mon père était heureux.
Je ne l'en croyais pas capable.
Par moments, sa mine délivrée de ses angoisses me troublait.
Accroupi sur un amas de pierraille, les bras autour des genoux, il regardait la brise enlacer la sveltesse des chaumes, se coucher dessus, y fourrager avec fébrilité. les champs de blé ondoyaient comme la crinière de milliers de chevaux galopant à travers la plaine. C'était une vision identique à celle qu'offre la mer quand la houle l'engrosse. Et mon père souriait. Je ne me souviens pas de l'avoir vu sourire; il n'était pas dans ses habitudes de laisser transparaître sa satisfaction- en avait-il eu vraiment? ...Forgé par les épreuves, le regard sans cesse aux abois, sa vie n'était qu'une interminable enfilade de déconvenues; il se méfiait comme d'une teigne des volte-face d'un lendemain déloyal et insaisissable.

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