Les gratitudes D.de Vigan
C'est venu d'un coup. Du jour au lendemain. Je ne dis pas qu'il n'y a pas eu de signes avant-coureurs. Parfois, Michka s'arrêtait au milieu de son salon, désorientée, comme si elle ne savait plus par quoi commencer, comme si le rituel, si souvent répété, soudain lui échappait. D'autres fois, elle s'arrêtait au milieu d'une phrase, elle butait, au sens propre, contre quelque chose d'invisible. Elle cherchait un mot et en rencontrait un autre. Ou bien ne rencontrait rien, que le vide, un piège qu'il fallait contourner. Mais pendant tout ce temps, elle vivait seule, chez elle. Autonome. Et elle continuait de lire, de regarder la télévision, de recevoir quelques visites. Et puis il y a eu ce jour d'automne, que rien n'avait annoncé. Avant, ça allait. Après, ça n'allait plus.
Ce roman tourne autour d’une femme âgée qui répète que « vieillir, c’est apprendre à perdre ». Michèle Seld, alias Michka, était correctrice dans les journaux. Les mots étaient sa grande affaire. Et voici que les mots lui échappent. Victime d’aphasie, elle est placée dans un Ehpad. Marie, sa jeune voisine, vient la voir tous les jours. Et Jérôme, l’orthophoniste, s’attache à cette vieille dame qui voudrait retrouver, avant de mourir, le couple de La Ferté-sous-Jouarre qui a sauvé, pendant l’Occupation, la petite fille juive qu’elle était. Elle voudrait leur exprimer sa gratitude. Une gratitude qu’éprouve également Marie pour celle qui l’a accueillie lorsqu’elle allait mal. Ce roman est un tissu croisé de gratitudes. C'est de la littérature doudou, Gavalda en est aussi une digne representante. Le sujet est touchant, mais le roman est trop faible.
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