Un lieu incertain F.Vargas
Le
commissaire Adamsberg savait repasser les chemises, sa mère lui avait
appris à aplatir l'empiècement d'épaule et à lisser le tissu autour des
boutons. Il débrancha le fer, rangea les vêtements dans la valise. Rasé,
coiffé, il partait pour Londres, il n'y avait pas moyen de s'y
soustraire.
Il
déplaça sa chaise pour l'installer dans le carré de soleil de la
cuisine. La pièce ouvrait sur trois côtés, il passait donc son temps à
décaler son siège autour de la table ronde, suivant la lumière comme le
lézard fait le tour du rocher. Adamsberg posa son bol de café côté Est
et s'assit dos à la chaleur.
Il
était d'accord pour aller voir Londres, sentir si la Tamise avait la
même odeur de linge moisi que la Seine, écouter comment piaillaient les
mouettes. Il était possible que les mouettes piaillent différemment en
anglais qu'en français. Mais ils ne lui en laisseraient pas le temps.
Trois jours de colloque, dix conférences par session, six débats, une
réception au ministère de l'Intérieur. Il y aurait plus d'une centaine
de flics haut de gamme tassés dans ce grand hall, des flics et
rien d'autre venus de vingt-trois pays pour optimiser la grande Europe
policière et plus précisément pour «harmoniser la gestion des flux
migratoires». C'était le thème du colloque.
La langue est un des thèmes du roman :
incapacité à parler une langue étrangère banale et faculté à intégrer
les mots d'une langue complexe, écriture latine et écriture cyrillique,
confusion des sens, invention de mot (le "Plog", à la fois enfantin et
génial dans ce qu'il représente et de par son origine, son
"étymologie"), absence de mots pour nommer ce qui n'a jamais existé etc.
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