La daronne H. Cayre
Mes fraudeurs de parents aimaient viscéralement l'argent. Pas comme une chose inerte qu'on planque dans un coffre ou que l'on possède inscrit sur un compte. Non. Comme un ètre vivant et intelligent qui peut créer et tuer, qui est doué de la faculté de se reproduire. Comme quelque chose de formidable qui forge les destins. Qui distingue le beau du laid, le loser de celui qui a réussi. L'argent est le Tout; le condensé de tout ce qui s'achète dans un monde où tout est à vendre. Il est la réponse à toutes les questions. Il est la langue d'avant Babel qui réunit tous les hommes.
Portrait désabusé d’une femme n’ayant plus rien à perdre. Une quinqua
lestée d’un excédent de bagage mémoriel, fille d’un truand tyrannique et
d’une ancienne déportée cadenassée dans son passé, mère peu maternelle
de deux gentilles filles auxquelles elle n’a rien à dire. Sa parfaite
maîtrise de la langue arabe la fait vivoter comme traductrice, à
transcrire des dépositions, des interrogatoires ou des heures d’écoutes
téléphoniques. C’est là, dans les coulisses d’une enquête des stups,
entre deux visites à sa mère en fin de vie, qu’elle déniche deux
pépites. Une famille de trafiquants marocains en panique a dû se
délester d’une cargaison de cannabis près d’une sortie d’autoroute. Et
le chauffeur n’est autre que le fils de la brave aide-soignante qui
assiste sa propre mère.
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