lundi 18 mars 2019

La vraie vie A. Dieudonné

A la maison, il y avait quatre chambres. La mienne, celle de mon petit frère Gilles, celle de mes parents et celle des cadavres.
Des daguets, des sangliers, des cerfs. Et puis des têtes d'antilopes, de toutes les sortes et de toutes les tailles, springboks, impalas, gnous, oryx, kobus... Quelques zèbres amputés du corps. Sur une estrade, un lion entier, les crocs serrés autour du cou d'une petite gazelle.
Et dans un coin, il y avait la hyène.
Tout empaillée qu'elle était, elle vivait, j'en étais certaine, et elle se délectait de l'effroi qu'elle provoquait dans chaque regard qui rencontrait le sien. Aux murs, dans des cadres, mon père posait, fier, son fusil à la main, sur des animaux morts. Il avait toujours la même pose, un pied sur la bête, un poing sur la hanche et l'autre main qui brandissait l'arme en signe de victoire, ce qui le faisait davantage ressembler à un milicien rebelle shooté à l'adrelanine du génocide qu'à un père de famille.
Le premier roman de cette jeune Bruxelloise de 36 ans fait sensation en cette rentrée littéraire. La Vraie Vie est un roman initiatique détonant où le réel vacille. "En dehors de la chasse, mon père avait deux passions dans la vie : la télé et le whisky."Se lit d'une traite.

Aucun commentaire: