lundi 29 janvier 2018

Un roman français F.Beigbeder

Je venais d'apprendre que mon frère était nommé chevalier de la Légion d'honneur, quand ma garde à vue commença. Les policiers ne me passèrent pas tout de suite les menottes dans le dos; ils le firent seulement plus tard, lors de mon transfert à l'Hôtel-Dieu, puis quand je fus déféré au Dépôt sur l'île de la Cité, le lendemain soir. Le président de la République venait d'écrire une lettre charmante à mon frère aîné. le félicitant pour sa contribution au dynamisme de l'économie française: "Vous êtes un exemple du capitalisme que nous voulons: un capitalisme d'entrepreneurs et non un capitalisme de spéculateurs." Le 28 janvier 2008, au commissariat du VIIIe arrondissement de Paris, des fonctionnaires en uniforme bleu, revolver et matraque à la ceinture, me déshabillaient entièrement pour me fouiller, confisquaient mon téle´phone, ma montre, ma carte de crédit, mon argent, mes clés, mon passeport, mon permis de conduire, ma ceinture et mon écharpe, prélevaient ma salive et mes empreintes digitales, me soulevaient les couilles pour voir si je cachais quelque chose dans mon trou du cul, me photographiaient de face, de profil, de trois quarts, tenant entre les mains un carton anthropométrique, avant de me reconduire dans une cage de deux mètres carrés aux murs couverts de graffitis, de sang séché et de morve.

Partant d'un séjour en garde à vue, pour consommation  de cocaïne sur le capot d'une voiture, il examine son destin : l'enfant "sage" et socialement privilégié, l'ombre portée du frère aîné, la curieuse amnésie qui touche à son passé,le luxe daans lequel il a vécu, et surtout la vengeance. Comment le Procureur de la République de Paris,qui a examiné son dossier et l'a retenu 24 h de plus.

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