mardi 30 mai 2017

Les désorientés A.Maalouf

Je porte dans mon prénoml'humanité naissante, mais j'appartiens à une humanité qui s'éteint, notera Adam dans son carnet deux jours avant le drame.
Jamais je n'ai su pourquoi mes parents m'ont appelé ainsi. Dans mon pays natal, ce prénom était rare, et personne dans ma famille ne l'avait porté avant moi. Je me souviens d'avoir posé un jour cette question à mon père, il m'avait simplement répondu: "C'est notre ancêtre à tous!", comme si je pouvais l'ignorer. J'avais dix ans, et je m'étais contenté de cette explication. J'aurais peut-être dû lui demander, tant qu'il était en vie, s'il y avait derrière ce choix une intention, un rêve.

 Amin Maalouf évoque pour la première fois, même si elle n’est pas directement nommée, la guerre du Liban. Elle est vécue différemment par les anciens amis de jeunesse du « club des Byzantins ». Il y a ceux qui sont partis et ceux qui sont restés. Certains ont émigré à l’étranger comme Adam : Naïm, juif, est parti au Brésil, Albert a fui aux Etats-Unis. Mourad et Tania sont restés au Liban, Mourad s’est « sali les mains » dans la guerre et est devenu ministre. Bilal est mort aux premiers jours d’un combat qu’il voulait engagement littéraire et intellectuel. Les choix des uns et des autres ont provoqué des rancunes et des incompréhensions au sein du groupe d’amis. La plupart reprochent ainsi à Mourad son engagement dans le conflit, son renoncement à leurs idéaux de jeunesse, sa participation à la machine de guerre. De son côté Mourad et Tania reprochent à Adam son départ, sa trahison envers son pays, son abandon, et la lâcheté de celui qui explique : « Nous avons du nous éloigner du Levant pour garder les mains propres ».
 
les matins - Amin Maalouf por franceculture

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