jeudi 6 avril 2017

Petit Piment A. Mabanckou

Petit Piment tient plutôt de la fable et rappelle dans la forme Verre Cassé (2005) et Mémoires de porc-épic (2006). Il met en scène un gamin orphelin qui fuit l'orphelinatpour se perdre dans les rues de Pointe-Noire, puis auprès de « Maman Fiat 500 » et de ses dix filles, toutes plus belles les unes que les autres. A travers les pérégrinations de Petit ­Piment, c'est l'histoire de ce pays, dans les années 1960-1970, l'indépendance, la révolution socialiste que le lecteur découvre en filigrane. Et, au-delà du destin de quelques personnages, la cor­­ruption, les conflits ethniques, la pauvreté, la condition des femmes.
C'est le roman de l'extérieur en Afrique, comme il le dit lui même.
Tout avait débuté à cette époque où, adolescent, je m'interrogeais sur le nom que m'avait attibué Papa Moupelo, le prêtre de l'orphelinat de Loango: Tokumisa Nzambe po Mose yamoyindo abotami namboka ya Bakoko. Ce long patronyme signifie en lingala "Rendons grâce à Dieu, le Moïse noir est né sur la terre des ancêtres", et il est encore gravé sur mon acte de naissance...
Papa Moupelo était un personnage à part, sans doute l'un de ceux, qui m'avaient le plus marqué pendant les années que j'avais passées dans cet orphelinat. Haut comme trois pommes, il chaussait des Salamander à grosses semelles- nous les appelions des "chaussures à étages"- et portait de larges boubous blancs qu'il se procurait auprès des commerçants ouest-africains du Grand Marché de Pointe-Noire. Il ressemblait alors à un épouventail de champ de maïs, en particulier au moment où il traversait la cour centrale et que les vents secouaient les filaos qui entouraient l'enceinte de l'orphelinat.

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