Petit Piment A. Mabanckou
Petit Piment tient plutôt de la fable et rappelle dans la forme Verre Cassé (2005) et Mémoires de porc-épic (2006). Il met en scène un gamin orphelin qui fuit l'orphelinatpour se perdre dans les rues de Pointe-Noire, puis auprès de « Maman Fiat 500 »
et de ses dix filles, toutes plus belles les unes que les autres. A travers les pérégrinations de Petit Piment,
c'est l'histoire de ce pays, dans les années 1960-1970, l'indépendance,
la révolution socialiste que le lecteur découvre en filigrane. Et,
au-delà du destin de quelques personnages, la corruption, les conflits
ethniques, la pauvreté, la condition des femmes.
C'est le roman de l'extérieur en Afrique, comme il le dit lui même.
Tout avait débuté à cette époque où, adolescent, je m'interrogeais sur le nom que m'avait attibué Papa Moupelo, le prêtre de l'orphelinat de Loango: Tokumisa Nzambe po Mose yamoyindo abotami namboka ya Bakoko. Ce long patronyme signifie en lingala "Rendons grâce à Dieu, le Moïse noir est né sur la terre des ancêtres", et il est encore gravé sur mon acte de naissance...
Papa Moupelo était un personnage à part, sans doute l'un de ceux, qui m'avaient le plus marqué pendant les années que j'avais passées dans cet orphelinat. Haut comme trois pommes, il chaussait des Salamander à grosses semelles- nous les appelions des "chaussures à étages"- et portait de larges boubous blancs qu'il se procurait auprès des commerçants ouest-africains du Grand Marché de Pointe-Noire. Il ressemblait alors à un épouventail de champ de maïs, en particulier au moment où il traversait la cour centrale et que les vents secouaient les filaos qui entouraient l'enceinte de l'orphelinat.
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