vendredi 17 février 2017

Petit pays G.Faye

Je ne sais vraiment pas comment cette histoire a commencé. Papa nous avait pourtant tout expliqué, un jour, dans la camionnette.
-Vous voyez, au Burundi, c'est comme au Rwanda. Il y a trois groupes différents, on appelle ça les etnies. Les Hutu sont les plus nombrux, ils sont petits avec de gros nez.
- Comme Donatien? j'avais demandé.
- Non, lui c'est un Zaïrois, c'est pas pareil. Comme Prothé, par exemple, notre cuisinier. Il y a aussi les Twa, les pygmées. Eux, passons, ils sont quelques-uns seulement, on va dire qu'ils ne comptent pas. Et puis il y a les Tutsi, comme votre maman. Il ssont beaucoup moins nombreux que les Hutu, ils sont grands et maigres avec des nez fins et on ne sait jamais ce qu'ils ont dans la tête. Toi, Gabriel, avait-il dit en me pointant du doigt, tu es un vrai Tutsi, on ne sait jamais ce que tu penses
Premier roman du rappeur Gaël Faye, 34 ans, comme son Gabriel, métis franco-rwandais qui raconte son enfance au Burundi. Elle était quasi idyllique avant que sa géographie intime (le divorce de ses parents) et bientôt la géopolitique (la guerre civile et le génocide au Rwanda voisin) vacillent jusqu’au chaos et l’exil en France. Ecrit à hauteur du gamin que Gabriel était alors, Petit Pays a cette fraîcheur et cette curiosité naïve qu’on prête à cet âge. Mais derrière ce roman d’apprentissage lumineux, Faye sonde des thèmes décisifs : la relation entre métissage et identité, l’irresponsabilité des politiques, le naufrage mental des rescapés de la folie humaine, l’impuissance de l’enfant-spectateur, entre autres.

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