mercredi 8 février 2017

Désorientale N.Djavadi

A Paris, mon père, Darius Sadr, ne prenait jamais d'escalator.
La première fois que je suis descendue avec lui dans le métro, le 21 avril 1981, je lui en ai demandé la raison et il m'a répondu:" L'escalator, c'est pour eux.". Par eux, il entendait vous, évidemment. Vous qui alliez au travail en ce mardi matin d'avril. Vous, citoyens de ce pays, dont les impôts, les prélèvements obligatoires, les taxes d'habitation, mais aussi l'éducation, l'intransigeance, le sens critique, l'esprit de solidarité, la fierté, la culture, le patriotisme, l'attachement à la République et à la démocratie, avaient concouru durant des siècles à aboutir à ces escaliers mécaniques installés à des mètres sous terre.
"J'ai mis du temps à savoir comment me positionner par rapport à la langue française".«Car pour s’intégrer à une culture, il faut, je vous le certifie, se désintégrer d’abord, du moins partiellement, de la sienne. Se désunir, se désagréger, se dissocier. Tous ceux qui appellent les immigrés à faire des ‘efforts d’intégration’ n’osent pas les regarder en face pour leur demander de commencer par faire ces nécessaires 'efforts de désintégration'. Ils exigent d’eux d’arriver en haut de la montagne sans passer par l’ascension».
Ce qui m'a gêné, les trop nombreux personnages, le côté 1001 nuits pour une histoire d'émigrants politiques chassés autant pas la dictature du Shah que par les fanatiques Ayatollah qui prennent le pouvoir en 1979. 
Ce que j'ai aimé c'est le point de vue d'une Iranienne, même enfant à l'époque, sur ces années et sur son enfance bourgeoise, son écriture est déboussolée, chaotique, au début pour devenir plus posée comme son personnage Kimiâ qui se cherche. L'exil, l'engagement politique, l'histoire de l'Iran sur trois générations, la recherche de l'identité, la maternité sont les thèmes dont elle esquisse les contours, cherchant toujours le ton le plus juste, celui qui collera le mieux à ses sentiments.

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