Meursault, contre-enquête K.Daoud
Elle ne dit plus rien, mais elle pourrait raconter bien des choses. Contrairement à moi, qui, à force de ressasser cette histoire, ne m'en souviens presque plus.
Je veux dire que c'est une histoire qui remonte à plus d'un demi-siècle. Elle a eu lieu et on en a beaucoup parlé. Les gens en parlent encore, mais n'évoquent qu'un seul mort - sans honte vois-tu, alors quil y en avait deux, de morts. Oui, deux. La raison de cette omission? Le premier savait raconter, au point qu'il a réussi à faire oublier son crime, alors que le second était un pauvre illetré que Dieu a créé uniquement, semble-t-il, pour qu'il reçoive une balle et retourne à la poussière, un anonyme qui n'a même pas eu le temps d'avoir un prénom.
Né en 1970, Daoud a été scolarisé en langue arabe dans un pays qui classe le français parmi les langues étrangères. Daoud s’est mis à apprendre le français «tout seul » à partir de neuf ans, chez ses grands parents à Mostaganem. L’idée de réinventer L’Etranger lui est venu au cours d’une conversation avec un visiteur à Oran qui voulait lui parler de Camus : il ne lui a pas posé une seule question sur l’Arabe. Le fait que le personnage Meursault tire cinq fois sur un Arabe sans nom, qu’il y a vingt-cinq mentions d’Arabes dans le texte sans que l’Arabe assassiné compte dans l’acte d’accusation contre Meursault, le fait que l’ultime crime de Meursault, d’après ceux qui le jugent, sera de ne pas avoir pleuré à l’enterrement de sa mère, tout ceci produit avant tout un désir d’écrire. L’Arabe portera désormais comme nom Moussa, qui fait si joliment écho à Meursault. Puisque Moussa est mort, Daoud fait parler son frère, Haroun, qui aura le soin de raconter le jour où son frère est mort ainsi que sa destinée personnelle et celle de sa M’ma, les survivants du crime. Meursault, contre-enquête commence dans la colère de Haroun contre Meursault. Mais finit ailleurs.
Né en 1970, Daoud a été scolarisé en langue arabe dans un pays qui classe le français parmi les langues étrangères. Daoud s’est mis à apprendre le français «tout seul » à partir de neuf ans, chez ses grands parents à Mostaganem. L’idée de réinventer L’Etranger lui est venu au cours d’une conversation avec un visiteur à Oran qui voulait lui parler de Camus : il ne lui a pas posé une seule question sur l’Arabe. Le fait que le personnage Meursault tire cinq fois sur un Arabe sans nom, qu’il y a vingt-cinq mentions d’Arabes dans le texte sans que l’Arabe assassiné compte dans l’acte d’accusation contre Meursault, le fait que l’ultime crime de Meursault, d’après ceux qui le jugent, sera de ne pas avoir pleuré à l’enterrement de sa mère, tout ceci produit avant tout un désir d’écrire. L’Arabe portera désormais comme nom Moussa, qui fait si joliment écho à Meursault. Puisque Moussa est mort, Daoud fait parler son frère, Haroun, qui aura le soin de raconter le jour où son frère est mort ainsi que sa destinée personnelle et celle de sa M’ma, les survivants du crime. Meursault, contre-enquête commence dans la colère de Haroun contre Meursault. Mais finit ailleurs.
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