vendredi 16 octobre 2009

L’enfant de Noé E.E. Schmitt


Lorsque j’avais dix ans, je faisais partie d’un groupe d’enfants que, tous les dimanches, on mettait aux enchères.
On ne nous vendait pas : on nous demandait de défiler sur une estrade afin que nous trouvions preneur. Dans le public pouvaient se trouver aussi bien nos vrais parents enfin revenus de la guerre que des couples désireux de nous adopter.
Tous les dimanches, je montais sur les planches en espérant être reconnu, sinon choisi.
Tous les dimanches, sous le préau de la Villa Jaune, j’avais dix pas pour me faire voir, dix pas pour obtenir une famille, dix pas pour cesser d’être orphelin.

Aucun commentaire: